Souvenirs de 2015, surprises de 2016 ?
Il est d’usage pour toute organisation ou institution, lors de la présentation des vœux, de faire le bilan de l’année qui vient de s’achever et de tracer les perspectives de celle qui s’ouvre.
En tant qu’équipe du Secrétariat Général chargé de la stratégie de communication, nous avons choisi de sacrifier à cette règle, ni par paresse, ni par conformisme, mais tout simplement parce que nous croyons qu’il est bon de savoir se remémorer les rencontres ou événements importants qui ont jalonné l’année écoulée. Ils façonnent notre mémoire collective, renforcent notre solidarité et influencent aussi les choix de l’année qui s’annonce.
Trois faits marquants de l’année 2015 s’imposent à nos yeux.
Ils illustrent pour nous des temps forts, sans pour autant occulter les joies ou les peines qui ont rythmé la vie de chacune ou chacun d’entre nous dans la mesure où elles resteront gravées pour toujours dans notre mémoire.
Le premier événement de l’année 2015 que nous retenons, nous l’avons partagé démocratiquement au sein de l’ANAAF.
Pour beaucoup de membres de notre diaspora, il se cristallise en émotion et en prise de responsabilité le 15 Février dernier à Givors (69), lorsque plus de 150 Présidents de fédérations et d’associations, venus de toutes les régions françaises, se sont mis d’accord pour signer ensemble l’acte de naissance de l’Alliance Nationale des Associations des Algériens de France.
Nous voulons aujourd’hui profiter de cette tribune pour remercier à nouveau celles et ceux qui ont fait confiance aux femmes et aux hommes qui dirigent l’ANAAF aujourd’hui dans leur tâche pour offrir, aux citoyens algériens résidents en France et aux Français d’origine algérienne, un espace d’expression crédible, libre et authentiquement démocratique.
Nous voulons également remercier celles et ceux qui ont cru en la sincérité de notre légitime ambition pour faire résonner, haut et fort, notre voix dans notre pays d’accueil et dans notre pays d’origine.
Nous voulons redire à tous qu’il nous faut plus que jamais être désormais unis, à l’écoute et au service de tous les algériens ou français d’origine algérienne qui vivent ou sont nés en France.
Les obstacles, nous avons choisi de les affronter collectivement, par l’échange des idées, l’addition des savoir-faire et des expériences. Nous pensons, en effet, que les gens raisonnables de notre diaspora peuvent se rassembler et laisser à leurs querelles ceux dont l’égo excessif occulte les réalités de notre environnement et les véritables enjeux qui conditionnent l’avenir de notre jeunesse.
Le débat du leadership personnel doit céder la place à tous les niveaux à l’intelligence, au bon sens et à la raison. L’intérêt général de notre diaspora ne peut se résumer à des affrontements stériles et souvent futiles.
Le deuxième événement de l’année 2015 que nous retenons est plus douloureux.
Il s’agit du terrorisme. L’année 2015 avait malheureusement commencé et s’était également tragiquement terminée par une humiliation de toute la communauté musulmane de France. Des crimes terroristes «télécommandés» ont été commis au nom de l’islam pour en souiller les valeurs et les préceptes foncièrement humanistes .
Trop en parler revient à offrir une tribune aux fanatiques religieux, aux extrémistes politiques qui sont alliés objectivement et ne cessent de grandir dans le pays des droits de l’Homme et du citoyen. Ne pas en parler serait pire que tout, car les peurs véhiculées par les extrémistes et les fascistes se nourrissent de nos silences. Ne pas en parler serait faire surtout offense aux personnes innocentes, mortes victimes de l’obscurantisme et de la barbarie.
Au nom de l’ANAAF, nous avons été de ceux qui ont jugé que la levée en masse contre la barbarie dans toutes les villes de France, et partout dans le monde, était indispensable. Nous n’avons pas hésité dans nos articles et nos communiqués à mobiliser l’imagination des musulmans de France pour les inciter à porter fièrement l’arme du courage pour dénoncer les criminels terroristes qui tuent, sans distinction, des citoyens mais aussi assassinent l’esprit même de notre religion : celui de la fraternité humaine.
Nous formulons le vœu que l’année 2016 soit celle de la fin de la démagogie politique qui rend près de 7 millions de citoyens, majoritairement d’origine algérienne, responsable de tous les maux de la société française.
Qu’en 2016, soit enfin réellement pris en charge le racisme islamophobe en lieu et place des promesses sans lendemain. Que sans haine, dans le respect des valeurs de la démocratie et de la République, les autorités françaises sachent politiquement ouvrir les yeux et rompre avec l’angélisme et le déni manifeste du racisme fourbe qui terrorise quotidiennement notre jeunesse.
Qu’il soit réaffirmé avec clarté que la République appartient à tous, quelles que soient nos croyances ou nos origines au lieu de promouvoir, à travers le projet de la déchéance de la nationalité française, une citoyenneté à deux vitesses pour ceux et celles qui sont nés à l’étranger ou de parents d’origine étrangère.
Au lieu de diviser les citoyens, pour des raisons électoralistes mesquines et hypocrites dans la perspective des Présidentielles de 2017, en catégorie en fonction de leur origine ou de leur religion, nous estimons, au sein de l’ANAAF, que tous les moyens doivent être mis en œuvre dans l’éducation pour que les jeunes générations puissent travailler et acquérir les valeurs de l’ambition, de l’excellence, de l’initiative ou encore du civisme.
Nous sommes convaincus que cette noble entreprise peut valablement les immuniser contre le radicalisme et la violence, qui sont contraires à nos valeurs, à notre éthique et à tout ce que nous défendons en tant que citoyens engagés. Le caractère sacré de la vie et le respect de soi et des autres sont l’essence de notre foi musulmane.
Le troisième événement de cette fin d’année 2015 que nous avons également décidé de retenir est fondamentalement politique.
Les mots ne sont jamais innocents. Les expressions : « Cinquième colonne », « ennemis de l’intérieur », « arabes dehors » ont été banalisées dans des discours politiques et dans certains média. C’est d’autant plus évident que l’affrontement électoral qui est lancé dans l’optique de la seule bataille qui compte désormais, celle des élections présidentielles de 2017, dépasse le clivage Droite-Gauche et la conquête du Palais de l’Élysée.
[bctt tweet=”Souvenirs de 2015, surprises de 2016 ?”]
Nous assistons à une tragique montée des idées fascistes aussi bien en France qu’en Europe. Des actions politiques dommageables sont ouvertement encouragées par des prises de position irrédentistes anti-musulmanes. De plus en plus, la société politique française ne cesse d’indiquer la porte de sortie à la jeunesse « bronzée », présentée comme dangereuse pour la sécurité et la paix civile en France.
les dégâts de cette démarche simpliste risquent de s’avérer gravissimes car la haine de tout ce qui se rattache à l’Islam creusera encore davantage les fossés qui sont déjà presque infranchissables.
Ceux qui participent à la logique du rejet des musulmans en France ne doivent pas s’étonner des dérives qui peuvent s’en suivre…
L’Histoire les jugera sévèrement.
Bonne année 2016 à toutes et tous !!!
Le Secrétariat Général de l’ANAAF